La mer?! ( Jacks )

Shiro venait d'arriver il y a deux jours au pensionnat. Saleté de société secrète... Pourquoi avait-il donc accepté d'intégrer leur école? Cela avait été une mauvaise idée de sa part. Pourtant, il a bien attendu des mois et des mois pour ce faire contacter par celle-ci. Cette oportunité était trop forte pour pouvoir la refuser. Maintenant, il était bien embêter. S'il sortait de la ville de ce pensionnat, il savait qu'il se ferait traquer, si l'on puit dire, par la société dont il était membre. Et c'était à tout prix ce qu'il fallait éviter... Dans quel pétrin s'était-il mis!?

Pourtant, tout en pensant ceci, il était en train de marcher en direction de la porte de sortie du pensionnat. Qui, en fait, était aussi la porte d'entrée. Il ne savait pas trop où ses pas le guideraient. Il ne leur faisait pas confiance, mais de toute manière, s'il se retrouve en ville, il pourra très bien demander à quelqu'un où se trouve le pensionnat. Il doit être connu, vu le nombre de personnes qu'il y a à l'intérieur! D'ailleurs, c'était limite trop peuplé pour lui. Il n'avait pas le choix, cependant.

A vrai dire, il avait assez peur de se faire retrouver par la société. C'était vraiment quelque chose qui le tracassait. Il savait que s'il était découvert, il mourrait aussitôt. Mieux valait être prudent les premiers mois... Même les premières années! C'est le cas de le dire en cet instant, il allait bien galerer. Trop, même. Il devrait rester enfermé dans ces pauvres murs avec des centaines d'élèves banals. S'intégrerait-il? Avec son style, certainement pas. Et puis, il a avait toujours cette histoire de pouvoirs à régler. Il y croyait, car il avait vu des personnes voler et déplacer des objets, mais quel était le sien? Il ne l'avait toujours pas découvert. Est-ce que quelqu'un pourrait l'aider? La directrice de cet établissement, s'il y en avait une?

Il s'était arrêté de penser lorsqu'il releva la tête et vit qu'il se trouvait les pieds dans le sable, une mer bleue turquoise en face de lui. Personne à l'horizon, car le temps ne le permettait pas. En automne, il faut dire que peu de personnes vont prendre un bain de soleil à la plage... ALors pourquoi ses pas l'avaient-ils mené ici? Il allait avoir les chaussures plein de sable... Heureusement tout de même, un léger vent frais était de la partie. Shiro était vêtu d'un pantalon noir, d'un pull et d'une veste par-dessus celui-ci. Toujours sa couronne et ses ongles vernis, bien entendu. Des habits normalement chauds pour une saison d'automne. Mais pas appropriés pour aller à la plage. Il voulu repartir, mais une ombre attira son regard. Lui qui n'avait croisé personne, voilà que quelqu'un était arrivé! Qui cela pouvait-il bien être? ... Il observa un moment, puis vit finalement une jeune femme, qui devait avoir à peu près son âge. Elle ne venait pas forcement en direction de notre jeune homme. Elle ne l'avait peut-être pas vu...

Quand elle était tombée de son lit, ce matin, Eléonore avait pensé que quelque chose n'allait pas. Elle avait cherché pendant vingt bonnes minutes, le dos contre le sol glacial de sa chambre, mais n'avait rien trouvé de différent. Quand elle s'est vue dans le miroir, elle avait encore trouvé quelque chose d'anormal, de spécial. Malheureusement, ces trente minutes d'observation minutieuse n'avait fait qu'augmenter la facture d'eau du pensionnat. Finalement, c'est en regardant son bureau qu'elle avait soudain compris la différence : cela faisait deux ans qu'elle était au pensionnat, et qu'elle vivait un pseudo-enfer. Elle avait tout d'abord été détestée de deux filles qu'elle avait croisées, alors qu'elle était arrivée précipitamment dans cet établissement réputé sûr, ce dont elle avait réellement eu besoin au début. Puis, elle avait commis sa grave erreur, puis le problème "D". Ensuite, il y avait eu la disparition, et l'arrivée prématurée du problème "D". Enfin, il y avait eu son changement d'identité, ce qu'elle avait fait de nombreuses fois au cours des années précédentes. Elle n'était jamais restée plus d'un an sous un nom d'emprunt, comme elle l'avait fait sous le nom de Kazumi. Elle avait même fait des choses qu'elle s'était jurée de ne jamais refaire, mais que l'obligation de protéger ces êtres chers, dont elle était la seule responsable depuis toujours, l'avait entraînée, de nouveau, dans cette spirale infernale. Elle avait toujours voulu s'en sortir, retirer sa tête, puis son corps de cet engrenage menaçant, qui se refermait, jour après jour, sur elle, et sur sa vie, qu'elle n'avait plus depuis si longtemps. Maintenant, l'étau s'était un peu relâché, tout en étant présent, pesant. Le problème "D" avait maintenant un an et demi, c'était un grand événement auquel la jeune femme ne participerait pas, de peur de causer des soucis. Elle s'approcha alors de la photo qu'elle avait précieusement encadré, la frôla du bout du doigt, un trait de mélancolie et de tristesse dans son regard azur. Elle murmura d'une voix que même la plus fine oreille ne pouvait entendre, dans la langue qui l'avait vue grandir, évoluer, sourire, rire, pleurer, crier...

- С днем рождения, Dana.... [Joyeux anniversaire, Dana]

Un soupir s'échappa de sa poitrine, venant de son coeur. Elle secoua la tête et alla s'habiller. En quelques secondes, le tee-shirt trop grand qui lui servait de pyjama se transforma en un chemisier blanc, un jean noir et une jupe écossaise par-dessus. Eléonore n'oublia pas de mettre une cravatte rouge très rouge, pour continuer à jouer son "rôle". Elle était maintenant Eléonore Jackson, dit "Jacks", la fille et l'unique héritière du trône d'une petite principauté entre le Canada et les Etats-Unis. Le rouge était la couleur dominante, elle se devait donc d'en porter toujours un emblême "pur", sans motif, sur elle. Elle devait dire que son pouvoir était celui du temps, qu'elle pouvait l'arrêter et voyager à travers, même si son réel pouvoir était d'absorber celui des autres, comme un ordinateur fait du copier-coller, sauf que son presse-papier à elle était infiniment grand, elle se demandait même quand il serait surchargé au point d'exploser. Habituellement, elle était accompagnée de Stuki, son fidèle compagnon, une chimère qu'elle avait créée en forme de tigre, mais ce dernier pouvait très bien changer de forme à volonté. Ces temps-ci, Stuki était reparti auprès de Sacha et de Dana, pour les protéger, comme toutes les chimères de la jeune femme. Cette dernière avait confiance en ces créatures. Une envie de sortir du pensionnat lui prit. Elle ouvrit la fenêtre de sa chambre, située au deuxième ou troisième étage de l'établissement et sauta agilement au sol, comme elle le faisait toujours. Ainsi, la porte de la chambre de la jeune femme était tout le temps fermée à clé et personne ne pouvait entrer. De toute manière, il n'y avait rien à voir dans cette pièce, à part une photo....

La jeune femme passa une main dans ses cheveux, ébouriffés par le saut qu'elle avait fait, pour les remettre en place, avant de commencer à se diriger vers la ville. Elle la passa, comme si ces bâtiments n'existaient pas, comme si tout cela n'était pas réel. Elle continua sa route, sans penser à rien, juste en laissant son cerveau réfléchir tout seul sur la destination de ses jambes. Peut-être que ses souvenirs l'aideraient à trouver un endroit familier, auquel elle pouvait se rattacher. Soudain, une odeur familière lui titilla les narines, un doux bruit chanta à ses oreilles. La jeune femme sourit tristement. Ses converses noires touchèrent le sable. Eléonore regarda au plus loin qu'elle le pouvait, même si la seule chose qu'elle pouvait voir, c'était cette étandue d'eau turquoise, parfaite. Elle n'avait pas remarqué le jeune homme de son âge, à quelques mètres d'elle, elle était captivée par l'eau, le seul endroit où elle pouvait prétendre être libre. Elle mit une de ses mains dans l'autre, comme on fait lorsqu'on se réchauffe en hiver, sauf que nous étions en automne. Elle ferma les yeux, et récita des mots qui venaient tout seuls, pour résumer un peu sa situation actuelle.

- Ne pleure pas devant ma tombe
Je n'y suis pas, je ne dors pas
Je suis un millier de vents
Je souffle dans le ciel
Je suis la lumière d'automne sur les champs
Je suis l'éclat du diamant sur la neige
Je suis l'oiseau du matin lorsque tu t'éveilles
Je suis l'étoile du printemps, je veille sur toi
Ne pleure pas devant ma tombe
Je n'y suis pas, je ne suis pas mort
Un millier de vents, je suis un millier de vents
Je souffle dans le ciel

[Ce document provient de « http://fr.wikipedia.org/wiki/Do_not_stand_at_my_grave_and_weep »]

Elle ouvrit les mains et une petite boule d'énergie rose s'éleva dans les cieux, avant de s'en allait, vers des contrées inconnues, ou pas. Eléonore ouvrit les yeux, et sourit tristement.

- я люблю тебя ! [Je t'aime]

Shiro voyait cette fille tout d'un coup s'arrêter, au beau milieu du sable où finissait l'étendue d'eau parfaite que l'ont nommait mer. Bien qu'elle regardait dans sa direction, elle ne vit pas le jeune garçon qui se tenait presque dans son champs de vision. Il la vit alors observer la plage, l'eau. Puis elle prononça des mots bizarres. Shiro eut de la peine à les entendre, de là où il était. Le vent soufflait et cela ne lui facilitait pas la tâche. Mais toutes ces petites phrases ressemblaient à une poésie, un poème. Cela devait en être une. Sans la quitter des yeux, Shiro s'approcha légèrement. Puis, à sa grande surprise, sans que la fille remarque qu'il soit là, comme si elle était seule, elle ouvrit ses mains et une espèce de boule d'énergie d'une couleur que Shiro préféra ignorer se mit à voler dans les airs, s'éloigner au fur et à mesure. Le jeune homme l'avait suivie des yeux, puis il reposa son regard sur cette étrange jeune femme. Elle avait un sourire aux lèvres. Un sourire triste. Elle n'était pas dans sa meilleure humeur, apparement. Même qu'à la fin, elle prononça une phrase dans une langue qui était inconnue à l'oreille et au cerveau de Shiro. Il la regarda bizaremment. C'était qui, au juste, cette nana? Elle faisait un poème alors qu'elle était à la plage, faisait voler une boule d'énergie rose et, pour couronner le tout, elle parlait d'une autre langue? Il ne savait pas trop quoi faire. L'approcher ou partir et ne rien avoir à faire de sa tristesse? C'est sûr que ce n'était pas ses affaires... Mais maintenant qu'elle était là, devant lui, il ne pouvait pas partir. Il était poli, quand même. Alors il s'approcha.

Quelle conversation. Il ne fallait pas lui en vouloir, il réagissait toujours ainsi. Ce n'était pas bonjour ou salut, c'était directement une question qui n'avait pas grand chose à voir. Mais vu qu'elle avait utilisé des pouvoirs... Elle devait sûrement être du pensionnat, elle aussi. Tant mieux. Elle pourra certainement lui indiquer où en était la direction. Parce que, imbécile comme il avait été ce jour-là, il ne retint pas la route qu'avait traversé ses pas pour le guider jusqu'ici. Enfin. Et puis, bon. Même si elle n'était pas de là-bas, il trouverait bien quelqu'un pour lui dire comment rentrer. Il l'espéra, tout du moins.

Il roula les yeux vers le ciel face à cette pensée stupide. Etait-ce le genre à quelqu'un, de dormir sur la plage? Non, sans aucun doute. Qu'est-ce qu'il pouvait paraître bête. Et puis, cette fille devait sûrement se poser des questions sur le quotient intellectuel de Shiro. Rouler les yeux et quasiment se parler à nous-même ne doit pas passer très intelligent. Enfin. Assez parlé. Une jeune femme triste allait répondre à notre jeune Shiro.

Eléonore était encore dans ses pensées, ses souvenirs. Elle était sur le point de prier, chose bizarre de la part de cette athée invétérée, lorsqu'une voix vint l'interrompre. Elle tourna lentement les yeux pour croiser ceux de l'inconnu. Ainsi elle n'était pas seule sur cette plage en plein automne. Le physique de l'inconnu la surprit au début, il est vrai qu'elle n'était pas habituée à voir des garçons porter une couronne et avoir les ongles vernis, plutôt avec des traillis militaires ou alors avec des costumes, pour les missions d'infiltration, mais bon, chacun son style. La jeune femme était quelqu'un de très tolérant qui acceptait les gens puor ce qu'ils étaient à l'intérieur, pas pour ce qu'ils sont extérieurement. On a déjà vu des gens qui font peur en apparence se révélaient être des personnes adorables sur le plan humain. Elle même avait connu cette différence entre le physique et le mental, il y a quelques années. Tout le monde pensait que c'était une gentille petite fille obéissante, qui ne ferait pas de mal à une mouche, mais en réalité.... Le jeune inconnu, qui devait avoir son âge, avait assisté à toute la scène, il n'avait probablement pas tout entendu, avec le bruit du vent, mais ses yeux étaient des témoins d'une scène qu'Eléonore ne voulait pas qu'on sache. Sa couverture, et ainsi la force de la protection de Sacha et Dana était mise en danger. Aussi son premier réflexe, avant même de répondre, fut de plaquer le jeune homme au sol. Pour y parvenir, elle s'approcha légèrement, plaça sa jambe droite derrière celles de l'inconnu, et le poussa en arrière. Elle le retint pour éviter qu'il ne se fracasse la tête au sol, même si le sable était un milieu plutôt mou, le risque de blessures restait élevé. La jeune femme voulait juste des réponses, pour le moment, pas faire du mal à quelqu'un qu'elle ne connaissait pas. Accroupie à côté, une main sur le cou du jeune homme, le regard vide, elle ne cherchait pas à fouiller dans son esprit, comme elle aurait très bien pu le faire.

- Je suis bien du pensionnat.... Mais tu as vu quelque chose qui peut être compromettant sur moi.... Donne-moi ne serait-ce qu'une bonne raison de ne pas te faire taire à jamais....

Tout ce qu'Eléonore disait, elle n'avait pas vraiment l'intention de le faire. Elle ne pouvait se permettre cela le jour de l'anniversaire de Dana, déjà qu'elle avait promis de ne plus recommencer. C'était plus pour faire peur à l'inconnu et le dissuader de raconter aux autres ce qu'il avait vu. Peut-être comprendrait-il, ou peut-être pas. De toute manière, si les choses venaient à dégénérer, la jeune femme était tout à fait capable de se sortir de ce genre de situation, et, la plupart du temps, personne n'était tué.

*Pardon, Dana, je t'ai promis, mais je ne peux pas mettre ta vie en danger, ni celle de Sacha....*

Un flot de souvenirs la submergea, mais elle resta concentrée sur le jeune inconnu, dans le sable. Le vent faisait voler les cheveux de la jeune femme, les vagues montaient de plus en plus sur la plage : c'était marée haute. Dans une heure et demi, l'eau viendrait lécher les deux jeunes gens, s'ils ne bougeaient pas d'ici là.

[Excuse-moi aussi pour celui-là, gros blanc d'inspi --" et désolée du retard, je devais aller voir quelqu'un.....]

Shiro fut surpris lorsque la jeune femme lui sauta quasiment dessus pour le plaquer à terre et mettre une main sur son cou. A force de penser, voilà à quoi on arrive! A peine un peu étourdi et une fille était déjà en train de la harceler de vie ou de mort, ou presque. Ce n'est pas pour autant qu'il paniqua. Il resta calme et observa la jeune fille avec un regard méprisant. Elle se mettait dans cet état rien que pour son geste? Alors que Shiro était sur la plage avant elle? Et bien... Quel caractère. Pire que lui.

Il ne répondit pas à sa demande et posa une quesiont à la place. Pourquoi devrait-il donner une raison pour laquelle elle ne le tuerait pas? Il ricana, prit le bras de la pensionnaire et violemment, il se releva en s'aidant d'une de ses jambes pour la pousser afin qu'elle tombe de côté. Il se frotta aux endroits où il avait du sable, puis lui jeta un regard sombre.

Il mit les mains dans ses poches et continua de fixer la fille qui se tenait par terre près de lui. Cette fois-ci, si elle l'attaquerait, il serait prêt à ne pas se laisser tomber comme la fois d'avant. Mais qui était-elle, au juste, pour agir ainsi? Elle avait un truc qui la perturbait... C'était simplement cette espèce de boule qu'elle a fait voler dans les airs? Et elle croit que Shiro va répéter cela à tout le monde, mmh? Il n'était pas du genre. Si elle croyait qu'il allait crier sur les toits tout les gestes qu'elle venait de faire... Elle se trompait vivement. Lui qui ne parlait déjà pas beaucoup, à quoi cela servirait de donner des informations sur une fille qu'il n'a vue qu'à la plage? Elle avait de ces idées... Shiro soupira et lâcha un sourire. Il tendit la main, vu qu'elle était toujours par terre, et attendit qu'elle la prit.

La réplique du jeune inconnu ne surprit qu'à moitié Eléonore. Il était normal de répondre ainsi, quand on avait rien fait, ou fait quelque chose, mais sans le savoir. La jeune femme le regardait toujours d'un air indifférent, encore à moitié dans ses pensées. C'est en grande partie pour cette raison qu'elle se retrouva dans le sable sans s'en rendre compte. Elle essaya de comprendre ce qu'il venait de se passer : le jeune homme avait d'abord ricaner, puis agrippait son bras avant de la pousser pour qu'elle tombe, et cela avec une rapidité foudroyante. Eléonore n'avait en effet rien vu venir. Elle se "frappa" la tête contre le sable, s'insultant intérieurement de son erreur de débutante.

*Idiote....*

La phrase suivante de son nouveau partenaire d'endroit la fit presqu'éclater de rire : ses "tours de magie". Elle savait faire bien des choses sans ces fichus dons, bien avant avoir pris conscience de l'existence de sa différence. Elle n'avait nullement besoin d'effets spéciaux pour mettre à terre quelqu'un qui était plus grand et plus fort qu'elle, et encore moins pour lui faire du mal, ou même, le tuer. Un sourire moqueur se dessina sur le visage de la jeune femme. Tout le monde ignorait tellement de choses sur les personnes à qui ils parlaient, c'était à la limite de l'affolement, mais aussi à la limite du fou-rire. Elle venait même à se demander s'il y avait des gens vraiment intelligents dans ce pensionnat, ou s'ils ne rélféchissaient tous que par périodes. Elle sentait qu'elle n'était pas vraiment elle-même, sûrement ce jour spécial qui la poussait à agir comme si tout le monde était contre elle. Le jeune homme lui tendit une main, avec un sourire par-dessus le marché. Eléonore frappa la main pour la faire se baisser et la jeune femme se téléporta juste derrière lui. Elle ne tenta rien, pour le moment et parla d'une voix calme et posée.

- Je n'ai pas besoin de ton aide, comme je n'ai pas besoin de "tours de magie", comme tu le dis si bien, pour te faire quelque chose !! Si je le veux, je peux te tuer sur-le-champ, sans éprouver le moindre regret. Tu as été le témoin d'une scène que tu n'aurais jamais dû voir. Je ne veux que protéger les seules personnes qui comptent le plus pour moi. La seule chose que tu as à faire, c'est te taire, ou il t'en coûtera un certain prix....

Sur le coup-là, la jeune pensionnaire ne plaisantait pas, et n'hésiterait pas à mettre ses menaces en application. Pour le prouver, Eléonore se retrouva très rapidement devant le jeune homme, et un poing fusa dans le ventre de l'inconnu, à force modérée, pas de quoi en faire tout un drame de vomissements ou de cassage de côtes, mais juste assez pour couper le souffle quelques secondes ou pour se plier en deux, c'était au gré de la résistance de l'opposant. On pouvait sentir que quelque chose changer en elle. Comme si elle n'était, justement, pas elle. Décidément, il ne fallait pas la croiser des jours comme celui-ci, où les souvenirs et les habitudes surgissent à la vitesse de la lumière.

Shiro lui avait tendu la main pour qu'elle se relève, afin qu'elle voie qu'il ne voulait pas se faire une ennemie à peine arrivé au pensionnat, mais celle-ci ne le voyait pas ainsi. La preuve, au lieu de prendre la main qui lui était tendue, elle se téléporta derrière Shiro et prononça des mots qui auraient flanqué des frissons à quiquonque les auraient entendus prononcés. Notre jeune homme se contenta d'un léger sourire sans expression. Une fillette essayait de lui faire peur? Et bien, désolé, mais il n'était pas du genre à trembler et partir en courant en criant comme une mauviette. Il se retourna et la regarda dans les yeux. Un regard dur, sombre. Il ne la sentait pas, cette nana. Elle avait quelque chose de trop bizarre en elle. Certes, lui aussi l'était, mais c'était d'un niveau très différent. Elle... Comment expliquer... Hum. C'est assez difficile. Donc, en gros, Shiro la trouvait très étrange et pas sympathique. En tout cas, avec lui! Car il était certain, vu la formulation de sa phrase, qu'elle aimait des gens. Et bien... Au moins, ils étaient sûrs d'avoir une bonne protectrice. Cette pensée fit de nouveau sourire Shiro. Pauvres gens qui auraient besoin d'une fille pour se proteger! Enfin, bon...

Il la fusilla du regard. Il savait qu'elle était capable de la tuer. Mais il savait tout aussi bien qu'elle ne le ferait pas. Etait-elle aussi stupide pour vraiment croire qu'il allait révéler quelque chose? Les filles sont presque toutes pareilles... A peine on découvre quelque chose qu'elles paniquent et nous menace. Cela fit encore décrocher un sourire à Shiro, qui repensa à son ancienne petite amie qu'il avait bien fait tourné en bourrique pour l'embêter. De toute façon, il ne l'aimait pas, alors... Mais, bref. Nous n'en sommes pas là. Il regardait alors cette jeune femme encore inconnue pour lui, bien qu'il avait l'impression de sentir certaines ondes qui lui déplaisaient. Il voulait encore jouer un peu avec ses nerfs. Voir jusqu'où elle pourrait aller. Si elle tenterait vraiment de le tuer. En tout cas, il n'allait pas lui dire qu'il n'allait rien révéler à personne. C'était mieux qu'elle croie qu'il allait tout dire, non? C'était... Plus amusant.

Il lui lança un petit regard de défi. Si elle voulait combattre, il était prêt. Il avait beau n'avoir qu'un corps de maigrichon, il en avait, de la force. Mais il ne souhaitait pas qu'elle utilise ses pouvoirs. A dire vrai, il ne voulait pas non plus se battre avec elle. Mais elle en avait très envie, apparement. Ou, plutôt, elle avait très envie de le tuer. Tiens donc... Comme la société secrète! Et ben... Avec le nombre de personnes qui voulaient tuer Shiro, il n'était pas bien prêt à s'en sortir. Lui qui voulait mourir dans son sommeil un jour où il serait très âgé. Il voyait plutôt son corps transporté par quelques personnes pour l'emmener au sein du bâtiment de la société pour faire disparaître son corps et n'en laisser aucune trace. Allait-il s'en sortir? Très bonne question. Mais tant qu'il serait au pensionnat ou dans la ville, il ne craignait presque rien. Il ne fallait juste pas qu'il sorte. Mais peut-être qu'avec ses pouvoirs, il pourrait vaincre ses ennemis... Oui, certainement. Encore faut-il qu'il sache ce que c'est.

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