Hanna se baladait dans un coin qui s'accordait avec son caractère, bien qu'elle n'affectionne pas tellement le sombre : une ruelle sombre, où n'importe quel monstre peut vous dévorer sans que vous ne le sachiez. On se fait souvent une idée négative de ces lieux: des violeurs, des voleurs, de la violence à chaque coin de rue, des rats partout et où la nuit reste constante. Eh bien moi je n'y ai jamais cru, et Hanna non plus. C'était une ruelle comme les autres, sans violence ni rats particuliers. S'il faisait noir, c'est qu'il faisait nuit. Hanna souffrait d'insomnies et se soupçonnait à du somnambulisme. Personnellement, je ne dormais que pour remplir mon rôle de chat (et aussi parce que je suis paresseux, passons). Enfin bref, nous nous baladions dans le noir. Nous profitions d'un clair de lune sans vent pour respirer un peu. Nous vivions un peu dans la crainte qu'un esprit se montre, ou qu'une crise point son nez. Hanna soupira, et me parlait à haute voix, nous étions apparemment seuls.
-Il fait bon ce soir. pas une pointe de vent. Et pas un chat qui aurait pu le voir.
De toute façon, qui pour s'en soucier? Hanna toussota. Nous restâmes debout, regardant le clair de lune, tandis que le vent se levait. Nous profitions d'un moment détendu, où le silence était plus reposant qu'angoissant. Cela me permit de me poser moi-même (et Hanna cent fois plus). Je pensais à présent que Hanna commençait à souffrir d'un manque d'amis humains. Haïe par la plupart des esprits, et par environ tous les humains (toute sa famille en tout les cas), je me demandais si elle se déciderait un jour à aller parler à qui que ce soit. Mais la peur de se voir rejetée la pousserait à rester seule avec moi. Nous serions donc toujours liés, tels deux meilleurs amis inséparables dont le destin aura décidé que l'un des deux serait le gardien de l'autre.